All guests of the European Literature Days from 2009 to 2014.

[ Recommandation de Incentives ] Sabine Scholl a publié dans le froid de février un policier qui se passe en plein été, et dont l'héroïne, Gina Sonnenfels, qui vient de Vienne mais vit à Berlin, a le chic de tomber sur les types à éviter.

Gina est l'exemple type de la nouvelle précarité : elle est créatrice de mode et journaliste et doit aussi enquêter sur la mort de Gerlinde Presenhuber, collaboratrice de l'Ambassade d'Autriche à Berlin, dont le dirndl a pris feu dans une auberge. Le principal suspect est le styliste Markus Ball, propriétaire des boutiques Assassins qui vendent des vestes en loden, des tangas à l'effigie de la Vierge et autres excentricités. Il y a aussi Ringo qui travaille comme moniteur de surf et serveur, et s'intéresse aux bombes, Astrid Altmeyer, avocate du centre pour femmes « Glamour et Gloria », et enfin, à Vienne, Lorenzo le maniaco-écolo.

Il est possible de lire le roman de Sabine Scholl à la légère, pour oublier la misère du monde. À ce niveau de lecture, on appréciera l'intrigue policière captivante, le personnage de la détective très tendance et en mal de sexe (ou d'amour ?), ainsi que le dénouement qui cadre bien avec cette aspiration.
Mais l'auteur a d'autres visées. Elle veut casser les vieux clichés du roman policier en introduisant un rapport intertextuel et intermédial. Le mythe de Médée, l'histoire de la secte des Assassins, La Mélodie du Bonheur et autres références musicales, cinématographiques ou littéraires, forment un catalogue dont se joue délibérément le roman. Dès lors, les significations oscillent. Rien n'est définitif.

Déjà avec Haut an Haut, Sabine Scholl nous avait montré combien la mode pouvait transformer les êtres de manière durable. C'est cette même métaphore de la mode qu'elle utilise dans ce roman-ci pour traiter le thème du changement continu. La mode remplace la littérature. Et la métamorphose peut aller jusqu'à la mort. Sa description du travail de rédaction au Metropolitan, son observation des gens dans les cafés berlinois et viennois sont profondément jubilatoires. L'héroïne Gina, croyant avoir perdu sa mentalité viennoise, décide de prendre des cours particuliers de « perfidie, manigance et médisance ». L'auteur, elle, n'a pas besoin de cours.


Extrait d’un compte rendu de Helmut Sturm, traduit par Nathalie Rouanet-Herlt
Compte rendu intégral: http://www.literaturhaus.at/index.php?id=7186

[ Info ] Scholl, Sabine: Giftige Kleider. (original language: Deutsch) Deuticke, Wien, 2010 . ISBN: 978-3-552-06117-0.