Nouvelle littérature de l'Autriche
Incentives – la nouvelle littérature d’Autriche
readme.cc propose un accès en plusieurs langues à la littérature autrichienne la plus récente. Réalisée en collaboration avec la Maison de la littérature à Vienne, cette plateforme de lecture offre un aperçu de l’actualité littéraire du pays.
Des critiques littéraires – journalistes et/ou universitaires – présentent des ouvrages qui viennent de paraître, de courts extraits permettent de se faire une première idée, des notices biographiques complètent la présentation.
Pour l’instant, ces informations sont disponibles en cinq langues : allemand, anglais, français, tchèque et hongrois.
Le projet « Incentives » cherche à promouvoir l’internationalisation de la littérature autrichienne et la traduction de textes récents.
Réalisation : centre de documentation pour la nouvelle littérature autrichienne (comptes rendus, notices biographiques) – association des traducteurs (traductions) – readme.cc (infrastructure).

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Von Dschalalabad nach Bad Schallerbach
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Le jeu de mots que contient le titre, légèrement tiré par les cheveux, traduit déjà l’agitation du gamin qui ne tient pas en place, caractéristique de l’écriture d’Erwin Einzinger. Les deux petites flèches pointant dans des directions opposées, chacune circonscrite dans un rond coloré, s’étirent sur la couverture du livre comme une tache d’un test de Rorschach que l’on aurait encerclée et illustrent à merveille cette énergie turbulente. Comme si ce dessin élaboré par l’auteur ne signifiait pas seulement qu’une chose renvoie à une autre, mais aussi que le livre peut être lu en commençant par le début comme par la fin – ce qui n’est pas si aberrant que ça. Car bien plus qu’une histoire linéaire racontée avec « l’application d’un écolier », c’est un jeu avec les formes et les formules de la narration qui se pratique ici, on passe du coq à l’âne, on glisse de l’histoire à suspense aux récits enchâssés, les anecdotes alternent avec les digressions les plus diverses, un peu comme dans Les Contes des mille et une nuits.
« Chaque pays a sa Samarkand et sa Numancia », le parallèle est tentant – car ici on met en relation, de but en blanc, une grande ville d’Asie centrale et une petite localité d’Europe. Mais à la différence de Peter Handke dans La Nuit morave,ce chant épique ondoyant harmonieusement, porté par les légendes, Einzinger fait parfois un sérieux raffut. Roman de voyage un brin bizarre, le livre tient aussi du roadmovie, puisque l’auteur se sert de ses personnages pour cartographier un « monde étranger, étrange », dont l’atmosphère rappelle parfois les films de David Lynch. Vues ainsi, les taches blanches, zones inexplorées sur la terre, dont il est question dans le résumé de la jaquette, apparaissent parfois bariolées, comme des « lambeaux tachetés ». Et le télescope inversé, également mis en scène dans le texte de la jaquette, qui dirige le regard sur les choses insignifiantes du quotidien, appelle le verbe français « téléscoper », si imagé, et pour lequel l’allemand n’a guère d’équivalent : entrechoquer deux choses, les faire entrer en collision, faire s’imbriquer les uns dans les autres des objets divers, avec force craquements sonores.
Extrait du compte rendu d’Ulrike Matzer, 8 mars 2011, traduit par Pauline Desnuelles
Compte rendu intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=8742
[ Info ] Einzinger, Erwin: Von Dschalalabad nach Bad Schallerbach.
(original language: German)
Jung und Jung,
Salzburg/Wien, 2010
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ISBN: 978-3-902497-69-7.