
Kein einziger Tag l'imprimer
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Le biotope autrichien semble toujours présenter les conditions d’humidité nécessaires aux symbioses funestes. À ceux qui voudraient en savoir plus sur l’amour-haine incestueux, mais hors du paysage politique et médiatique, la littérature a désormais quelque chose à proposer : la fratrie formée par les adjectifs « proche » et « parent » est au centre du nouveau roman de Linda Stift Kein einziger Tag.
C’est d’une fratrie au sens propre du terme dont il est question ici : autrefois, Paul et Paco ne faisaient même qu’un. Jumeaux siamois à la naissance, Paul, réservé, a été plus qu’heureux d’échapper à son frère grâce à l’opération qui les a séparés, mais Paco, d’un caractère exubérant, bruyant, ne l’a jamais vraiment supporté. Dans leurs existences d’adultes, ils semblent constamment jouer au gendarme et au voleur : Paul se construit une vie loin de son frère et déguerpit dans un accès de panique chaque fois que celui-ci retrouve sa trace. On en est là, justement. Paul venait de s’installer une vie agréable – une petite boutique, et même une copine.
Lorsque Paco débarque de nouveau à grandes enjambées dans la vie de Paul, l’invasion s’accompagne d’une claire sensation de corporalité répugnante. Car le dégoût est chez Stift la note dominante, silencieuse mais omniprésente, de toute relation.
Pourtant, Paul n’est pas seulement victime. Il tient enfermé dans sa cave un « animal ». Celui-ci est blond et porte des vestes tricotées. En fait, lorsqu’il l’a capturé, Paul comptait le relâcher tout de suite. Puis il a laissé passer le moment opportun …
Pas seulement ici, mais ici en particulier, l’Autrichien qui en a pourtant vu de belles a l’impression d’étouffer. Des abîmes s’ouvrent toujours plus nombreux autour de Paul. Linda Stift est ici dans son élément. Ses livres sont des observations minutieuses d’états d’âme personnels mais aussi, d’une manière ou d’une autre, de psychologies sociales. Et là comme dans notre intimité psychique, il y a toujours quelque chose de sombre tapi dans un coin.
Extrait du compte rendu de Bernhard Oberreither, 29 mars 2011, traduit par Pauline Desnuelles.
Compte rendu intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=8831
[ Info ] Stift, Linda: Kein einziger Tag.
(original language: allemand)
Deuticke im Paul Zsolnay Verlag,
Vienne, 2011
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ISBN: 978-3-552-06160-6.