
Die Tiere von Paris l'imprimer
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« Tu écris sur une planche que tu as récupérée sur un chantier, assise dans le lit, pendant que ton mari travaille à son bureau. » (page 8)
C’est le début. Paris. Une chambrette, où les deux amoureux mènent des travaux de recherche en indépendants. Dès le début, la hiérarchie saute aux yeux. Elle aurait dû le voir. Tu aurais dû le voir. Le tutoiement, tout au long du livre, est bien plus qu’un effet de style. Il montre que cette femme est interchangeable : ce pourrait être toi.
L’homme avoue qu’il est père depuis peu. Il y a un an, il l’a trompée. Elle ne veut pas être mesquine et n’envisage pas la séparation puisque, après tout, comme il le dit avec insistance, il n’aimait pas cette femme, c’est elle qui l’a mené en bateau. Lorsqu’elle-même tombe enceinte, ils s’installent à Vienne. Dans un premier temps, elle s’occupe du bébé et doit arrêter de travailler. Il lui dit que ce sera son tour, plus tard. Mais le partage des tâches, si important pour elle, n’a pas lieu plus tard non plus, ou pas d’une manière qui lui serait utile à elle.
Moins elle obtient de soutien moral, moins elle publie d’articles, et plus son estime de soi s’étiole. D’après lui, elle serait trop rigide, crispée, distraite, et elle-même finit par y croire. Pourtant, dans un accès de frayeur, elle se dit qu’elle doit s’accrocher. Elle commence à lutter pour son autonomie.
Margit Schreiner reste fidèle à ses thèmes favoris. Sans énervement mais obstinément, elle écrit contre l’oppression et l’assujettissement des femmes et des mères dans tous les domaines de la société. Ce n’est pas un hasard si sa voix nous parvient comme « étouffée ». Pourtant jamais elle ne perd de sa légèreté, car elle s’accompagne toujours de cette chose essentielle, l’humour.
Comme si elle le disait en passant, habilement et sans émettre de critique directe, Margit Schreiner touche à des thèmes socio-politiques comme la garde d’enfants et l’accompagnement des jeunes, l’aide sociale pour l’enfance et la jeunesse, le droit de garde, la monoparentalité, le marché du logement, le chômage des jeunes, l’assurance maladie, le système de retraite, l’injustice sociale et ethnique, le néolibéralisme – impossible de tous les énumérer ici.
Sur cette toile de fond, l’auteur présente à la fin de son livre un scénario des plus noirs : à l’école, la fillette dont le nom est passé sous silence joue dans Andorra, la pièce de Max Frisch, où elle tient le rôle de Barbeline, qui sombre dans la folie parce qu’elle ne peut supporter le combat entre deux peuples, le mensonge, la haine, l’agressivité. Le sixième jour de représentation, la fillette a disparu sans laisser de trace.
Extrait du compte rendu de Claudia Peer, septembre 2011, traduit par Pauline Desnuelles.
Compte rendu intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=9189
[ Info ] Schreiner, Margit: Die Tiere von Paris.
(original language: Deutsch)
Schöffling & Co,
Frankfurt/Main, 2011
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ISBN: 978 978-3-89561-279-4.