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Ich nannte ihn Krawatte
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En fait, l’étranger s’appelle Ōhara Tetsu, mais l’adolescent sur le banc nomme cet homme élégant simplement « Cravate ».
Le roman de Milena Michiko Flašar raconte l’histoire d’un employé au chômage, la cinquantaine, et d’un hikikomori, un adolescent qui a coupé les ponts avec le monde extérieur pour s’affranchir des normes et des exigences de la société de compétition. Jour après jour, l’ancien salaryman et l’hikikomori errant « occupent » désormais le même banc et, à force de bavarder, finissent par se rapprocher. L’aîné parle au plus jeune de la difficulté qu’il avait à tenir la cadence effrénée au travail et du licenciement qui s'en est suivi. Mais il n’a rien dit de son renvoi à Kyōko, sa femme, et quand il quitte la maison le matin, il lui laisse croire qu’il se rend comme d’habitude au bureau. Ainsi, la façade irréprochable de la société japonaise est préservée, pour le moment du moins. En réalité, cela fait des années que l’ex-employé soucieux de conformisme ne répond plus à la norme – et ce depuis le jour où sa femme a donné le jour à un fils handicapé dont le père déçu s’est mis à souhaiter la mort précoce.
L’adolescent qui est assis à ses côtés dans le parc et dont on apprend ultérieurement qu’il s’appelle Taguchi Hiro, finit par rompre le silence pour parler de ses camarades de classe et de ses amis que l’on harcèlait parce qu’ils ne se fondaient pas dans la masse uniforme. Taguchi aurait dû plaider leur cause, les épauler, mais par peur, il a préféré prendre le large.
Dans un monde glacial qui, malgré son exotisme, ressemble par trop au nôtre, les sympathiques antihéros de Flašar constituent des îlots d’humanité. Ils créent un climat d’espoir où l’individu n’est pas réduit à sa valeur marchande et où la déviance n’est plus considérée comme une tare.
La jeune auteur qui connaît bien la culture de l’Extrême-Orient, réussit là une prouesse : aider cette espérance à progresser. Une raison supplémentaire de se plonger dans la lecture de ce roman de la mondialisation qui dépasse les humeurs et philologies nationales.
Extrait d’un compte rendu de Walter Wagner, février 2012, traduit par Françoise Guiguet.
Compte rendu intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=9374
[ Info ] Flašar, Milena Michiko: Ich nannte ihn Krawatte.
(original language: German)
Wagenbach,
Berlin, 2012
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ISBN: 978-3-8031-3241-3.