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Ballastexistenz l'imprimer

Ballastexistenz

Dolgan, Christoph

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[ Recommandation de Incentives ] Jusqu’où peut-on tomber ?

Où commence la chute ? Jusqu’où peut-on tomber ? Questions que seuls posent ceux qui sont en chute libre depuis longtemps. Des gens comme les habitants de la cité de Langfeld, pour lesquels la peur est l'unique pulsion de vie et l'espoir un mot vide de sens. Un endroit gris, bétonné, entre la voie ferrée, la décharge publique et les campements de Roumains et de Bulgares, dans un no man's land au bord de la rivière. Derrière le mur du cimetière, les containers métalliques des sans-abris. Qui grandit ici a perdu dès le jour de sa naissance.

Dans la cité de Langfeld, les gens n'ont pas de nom. Ils s'appellent « la femme de l'arrière-cour » et son crétin, ou « l’unijambiste ». Même la mère du narrateur anonyme, on la connaît ici, dans le bloc. On envoie un SMS à son fils quand elle va picoler avec ses collègues après le travail et qu'elle n'arrive plus à rentrer chez elle. Elle continue à boire à la maison, jusqu'au moment où elle s'endort dans son propre vomi sur la table de la cuisine, où elle restera jusqu'au matin. L'essentiel, c'est qu'elle le laisse tranquille, ce fils que dans son ivrognerie elle traite d' « existence superflue ». Le garçon sans nom ne connaît de sentiments que dans la douleur qu'il s'inflige à lui-même. Quand sa peau brûle en étreignant une ampoule allumée ou que les débris de celle-ci lui coupent la paume de la main. L'amour est un mot qui n'est pas tangible. L'amour, ce sont les taches blanches laissées au mur, après son suicide, par les photos décrochées de sa mère. Ou l'un des tickets de caisse au dos desquels elle tenait son journal, avant de les brûler. « Quel goût a l’absence de perspective ? » a-t-elle écrit sur son dernier bout de papier. A la fin, il ne restera d'elle qu'une brève notice nécrologique dans la rubrique des « faits divers ».

L'auteur riposte à l’amertume par des phrases tendrement précises sur les « laissés pour compte ». A travers son récit, il leur restitue une histoire et une dignité. Comme si, par la tendresse de sa description, il voulait caresser avec autant de douceur et d’attention que possible l'impitoyable réalité sociale, pour la délivrer du mal – ne serait-ce que le temps de quelques mots. La langue dense, pénétrante de Dolgan témoigne d'un extraordinaire don d'observation ; elle est d'une justesse poétique et d'une profondeur psychologique dont la maturité surprend chez un si jeune auteur. Le premier roman de Dolgan est un livre sombre, brutal, très bien écrit.

Résumé de l'article de Michaela Schmitz, novembre 2013, traduit par Barbara Fontaine
Article intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=10125 

[ Info ] Dolgan, Christoph: Ballastexistenz. (original language: Allemand) Droschl Verlag, Graz, 2013 . ISBN: 978-3-854208-42-6.


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Genre: Roman
Langues (recommandation de livre): Anglais, Allemand, Français, Tchèque, Hongrois


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