Nouvelle littérature de l'Autriche
Incentives – la nouvelle littérature d’Autriche
readme.cc propose un accès en plusieurs langues à la littérature autrichienne la plus récente. Réalisée en collaboration avec la Maison de la littérature à Vienne, cette plateforme de lecture offre un aperçu de l’actualité littéraire du pays.
Des critiques littéraires – journalistes et/ou universitaires – présentent des ouvrages qui viennent de paraître, de courts extraits permettent de se faire une première idée, des notices biographiques complètent la présentation.
Pour l’instant, ces informations sont disponibles en cinq langues : allemand, anglais, français, tchèque et hongrois.
Le projet « Incentives » cherche à promouvoir l’internationalisation de la littérature autrichienne et la traduction de textes récents.
Réalisation : centre de documentation pour la nouvelle littérature autrichienne (comptes rendus, notices biographiques) – association des traducteurs (traductions) – readme.cc (infrastructure).

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[ Recommandation de Incentives ] Le dernier ouvrage de Robert Prosser, « Geister und Tattoos » (« Esprits et tatouages »), met en scène les habitants d'une petite colonie à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui décident, après les combats du Haut-Karabagh, de laisser la guerre derrière eux et d'oser un nouveau départ dans une autre partie du pays. Là-bas, dans l'extrême nord de l'Arménie, ils mènent désormais une vie reculée à tous égards, cachés, oubliés des autorités publiques, loin de leurs lois et de leurs principes. C'est une société qui semble archaïque, avec ses propres règles et rites, ses mythes et ses sortilèges, où raison et magie coexistent paisiblement et où plus grand-chose ne sépare le médecin du guérisseur. On vit de l'élevage du bétail et de ce que rapporte la terre environnante et on paye les rares acquisitions avec l'argent que les hommes ramènent à la maison, s'engageant à la semaine ou à la journée dans les bourgades les plus proches. On tue le reste du temps à jouer aux cartes ainsi qu'à distiller et surtout à consommer divers alcools très forts, les fameux « esprits » qui donnent son titre à l'ouvrage.
Tout au long d’une grande partie du livre, on suit l'un des habitants de cette colonie, un « tu » qui n'est pas plus précisément défini et qui représente le centre et le point de fuite du roman ; mais place est faite également aux autres habitants, à leurs destinées et particularités, de sorte que l'on a une image aussi saisissante que vivante du lieu et de la communauté.
Ce que le roman a de plus séduisant est néanmoins sa langue ; comme dans ses œuvres antérieures, Prosser ne laisse rien au hasard, écrit parfois, quand les circonstances l'exigent (et pour tenir compte de l'immense consommation d’eau-de-vie de ses personnages), dans un état de quasi ivresse, ne cessant de rechercher, de trouver, voire même d’inventer l'expression juste, la seule expression convenant apparemment à telle ou telle chose. Rien ne semble pourtant forcé, chaque mot est bien campé et pénètre sous la peau, semblable aux aiguilles des machines de fortune aves lesquelles sont réalisés les tatouages, qui sont pour les personnages plus qu'une simple décoration corporelle.
« Geister und Tattos » montre des hommes qui essaient, malgré l’adversité, de mener une vie digne dans un Caucase malmené. Il en résulte non seulement un roman brillant sur le plan stylistique et grandiose dans sa composition, mais aussi un texte hautement politique.
Résumé de l'article de Simon Leitner traduit par Barbara Fontaine
Article intlégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=10149
[ Info ] Prosser, Robert: Geister und Tattoos.
(original language: Allemand)
Klever Verlag,
Wien, 2013
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ISBN: 978-3-902665-65-2.