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Roman.
Munich: Luchterhand, 2016.
448 p; Euro 23,70.
ISBN 978-3-630-87470-8.
Anna Mitgutsch
Extrait
Le père. La fille. La belle-mère. Son passé de soldat lors de la seconde guerre mondiale, passé sous silence pendant des décennies. Et la mort omniprésente dans la famille. Romancière récompensée par de nombreux prix et essayiste de talent, Anna Mitgutsch forge, à partir des éléments de cette constellation, et avec une grande aisance dramaturgique, un roman sur la famille, le XXe siècle, le silence et l’oubli, la honte et l’attirance, et à la fin, sur le rapprochement.
Théo, jardinier à la retraite âgé de 96 ans, est victime d’une attaque cérébrale dont il se remet très bien. Sa fille Frieda, âgée de 60 ans, ancienne enseignante d’histoire au collège, lui rend de nouveau visite régulièrement, sous l’œil soupçonneux de Berta, la seconde femme de Théo. Berta et Théo sont mariés depuis près de 50 ans. Au fil des ans, la relation père-fille a souffert, entre autres, des manigances de Berta, se muant presque en haine.
À son tour, Berta est victime d’un infarctus dont elle ne se remet que difficilement, rendant nécessaire le recours à une aide à domicile, l’Ukrainienne Ludmilla, arrivée clandestinement dans le pays. À son contact et grâce à ses soins, Théo revit. Par jalousie, Berta parvient toutefois à la faire partir, et Ludmilla retourne dans son petit village de l’est de l’Ukraine.
Sur ce, Théo demande à sa fille Frieda de se rendre en Ukraine pour remettre de l’argent à Ludmilla afin de la faire revenir pour l’assister dans les derniers instants de sa vie. Frieda accède à la demande de son père et se met en route avec son ami Edgar, professeur de musique retraité dont les ancêtres côté maternel sont d’origine juive ukrainienne. L’argent est remis, comme convenu, mais Frieda omet de demander à Ludmilla de revenir au nom de son père. À sa surprise, avant son départ, Théo remet à Frieda son journal de guerre, dont elle n’avait jusque-là jamais eu connaissance ; ces notes forment l’arrière-plan historique de son voyage.
Le dernier des cinq chapitres décrit la déception, puis la mort de Théo. C’est devant sa tombe que se retrouvent finalement Frieda et sa fille Mélissa, qui s’étaient éloignées depuis longtemps l’une de l’autre.
Une subtile mélancolie imprègne ce roman sur la famille et la guerre, sur les caractères et leurs défauts, leurs faiblesses et leurs points de vue, sur la paix et l’holocauste. Ce livre dresse avec sensibilité les contours du conflit entre ceux qui ont été acteurs et ceux qui, comme Frieda, voudraient faire la lumière sur ces événements. Un livre véritablement remarquable, peut-être le meilleur parce que le plus poignant d’Anna Mitgutsch.
Extrait de la critique d' Alexander Kluy, mai 2016
Traduit par Florence Hetzel
Originale: http://www.literaturhaus.at/index.php?id=11144
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