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Roman.
suhrkamp taschenbuch, Berlin 2015.
ISBN 978-3-518-42471-1.
Valerie Fritsch
Extrait
Le premier roman de la jeune auteure Valerie Fritsch a pour thème l’amour au temps de l’apocalypse, rien de moins. Elle a choisi de commencer par des images d’une enfance idéale. Celle d’Anton Winter, qui grandit dans un jardin foisonnant et ensoleillé où des gens bienveillants vivent en harmonie avec la nature : enfants et personnes âgées mènent une vie symbiotique, tandis que les adultes exercent leur métier.
Nous retrouvons par la suite le protagoniste devenu adulte : il est oiselier et vit au dernier étage d’un immeuble dans une ville de bord de mer. Comme il sait la fin du monde proche et que tous ses amis ou compagnons de route sont morts, il ne quitte presque jamais son toit-terrasse. Mais un jour où il est tout de même descendu traîner dans la rue, il y rencontre une jeune femme, Frederike, qui pleure les morts de tous ses yeux. En d’autres circonstances, un coup de foudre aurait pu leur ouvrir un tout autre monde, mais vu la situation, ils n’ont pas d’autre choix que de se replier sur leur désespoir dans l’appartement d’Anton qui surplombe la ville, tout près du ciel.
Après le mutisme de leur rencontre, ils n’échangeront que quelques conversations hésitantes, sans lendemain. L’homme solitaire et la beauté fragile forment un couple qui va d’un commun accord se mettre au service des derniers espoirs des hommes. Dans la maternité où Frederike se bat pour sauver des vies, Anton retrouve son frère disparu dont la femme est en train d’accoucher. Ils s’enfuient alors dans le jardin abandonné de leur enfance, jardin qui deviendra le paradis en friche de leurs derniers jours.
Valerie Fritsch dépeint l’amour et l’horreur dans une langue bien maîtrisée et par le biais d’images impressionnantes. Et le fait qu’elle laisse en suspens les questions relatives aux circonstances de la catastrophe n’entame en rien la force du roman. L’auteure, qui a aussi parcouru les régions les plus pauvres du monde en tant que photographe, connaît bien la misère de ceux qui n’ont pas de lendemain, et elle nous la fait toucher du doigt.
Extrait de la critique de Beatrice Simonsen,
traduit par Nathalie Rouanet.
Texte original: http://www.literaturhaus.at/index.php?id=10676
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