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Le message.
Roman.
Hanser Berlin, 2021.
256 pages, Euro 22,70 (A).
ISBN 978-3-446-27103-6.
Doris Knecht
Extrait
Ruth Ziegler, scénariste à succès et, depuis la mort accidentelle de son mari, mère célibataire de deux fils adolescents, est une femme sûre d'elle et qui maîtrise parfaitement sa vie. Cette conviction est secouée lorsqu'un après-midi de septembre, elle reçoit un message anonyme sur Facebook évoquant une supposée liaison de son défunt mari. Au début, Ruth n'attache pas beaucoup d'importance au message ; en tant que féministe engagée et ancienne présentatrice d'un magazine d'art, elle a souvent été confrontée à la haine et à la violence misogyne, et a appris à ne pas se laisser atteindre par ce genre d'insultes et ces menaces.
Mais cela ne s'arrête pas à ce seul message ; ils arrivent de plus en plus souvent et sont aussi envoyés aux ami(e)s, collègues et client(e)s de Ruth. Au cours de conversations avec des ami(e)s, divers soupçons se forment rapidement quant à l'identité de l'auteur des messages, et certains soupçonnent même Ruth elle-même d'en être l'auteur. Son amant intermittent, Simon, psychothérapeute de profession, la soutient par des conseils professionnels. La relation avec Simon s'avère toutefois de plus en plus toxique, de sorte que Ruth se retrouve de plus en plus seule.
Dans son roman brûlant, Doris Knecht s'abstient de peindre des dessins unidimensionnels en noir et blanc ; elle mise plutôt sur la complexité et l'hétérogénéité. Sa protagoniste, toujours crédible, expose les mécanismes d'inversion auteur-victime qui sont monnaie courante dans de nombreux cas d'attaques et de crimes misogynes. Et ses conclusions sont effrayantes : la misogynie est omniprésente et tolérée dans notre société, et les femmes sont souvent impuissantes face à elle. Cependant, Doris Knecht montre dans ce roman explosif et socialement pertinent que cette impuissance n'est en aucun cas un signe de faiblesse, et qu'il n'y a pas une seule, mais de nombreuses façons différentes de combattre la haine et la violence.
Version abrégée de la critique de Veronika Hofeneder, 01. 09. 2021,
traduite par Amaelle Manac’h
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