Nucléaire messie

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Nucléaire messie

Von Christian Campiche, La Méduse - 17.01.2019

Coup de tonnerre dans le ciel froid de janvier: le nucléaire sauvera-t-il la planète?

Deux chercheurs Américains, Joshua Goldstein et Staffan Qvist, en sont convaincus, qui publient un livre annonçant l’avenir radieux grâce à l’atôme. 

L’année 2019 commence fort! Oubliés, les drames de Tchernobyl et de Fukushima, les centrales nucléaires reviennent sur le devant de la scène! Mais cette fois en tenue affriolante, pas avec la fourche du diable.

Si ce grand retour en arrière devait se confirmer, il indiquerait que la mémoire humaine fait peu de cas des tragédies quand l’intérêt financier est en jeu. Cet intérêt commande aujourd’hui de revenir à l’énergie nucléaire.

Il n’est que de consulter la liste des réacteurs en construction pour s’en convaincre. Des paquets en Chine, en Inde, au Brésil, aux Etats-Unis et même en Europe. Deux projets en Hongrie, d’autres en Finlande, en Slovaquie…

La Suisse a annoncé qu’elle renonçait au nucléaire à l’horizon 2034. C’est demain. Et si ce n’était plus qu’hier? Reviendra-t-il à Simonetta Sommaruga de détricoter le compromis obtenu par Doris Leuthard après Fukushima? Ou bien la ministre se dira-t-elle que le projet de réacteur envisagé par EDF aux portes de Genève ne serait pas si stupide, dans le fond. 

L’ouvrage des deux chercheurs américains tombe à pic car il coïncide avec l’échec de la COP. Depuis les climatologues ne savent plus à quel saint… de glace se vouer. Dans les médias, les informations anxiogènes succèdent aux coups de massue apocalyptiques.

Dans le fond, tout est parfaitement en place pour que les populations révisent leur optique sur les dangers du nucléaire. Laissons tomber le charbon, cessons de miser sur le solaire, l’éolienne. Puisqu’on vous dit que l’atome est parfaitement propre! Même le World Economic Forum a mis le sujet à la une de son ordre du jour. Non…? Oui, oui!Editorial

Le retour du nucléaire causera une augmentation sensible des prix de l'électricité. Même sans tenir compte des coûts de stockage des déchets à très long terme, de ceux de démontage à la fin de vie des réacteurs et de ceux qui devraient être liés aux risques supporté par l'Etat en dépassement de la limite plutôt basse de la RC nucléaire en cas d'incident, le nucléaire n'est pas compétitif. Voir le prix plancher indexé pour les projets franco-chinois en GB, qui est considéré comme nettement insuffisant par certains managers d'EdF. Le renouvelable est actuellement meilleur marché et la stabilité du réseau peut être assurée par des centrales d'appoint hydrauliques et/ou à gaz. C'est du moins la doctrine actuelle, pour l'Europe. Quant à la Chine... N'oubliez pas le charbon qui n'est pas encore mort et qui alimentera encore beaucoup de centrales en construction, par ex. en Afrique et Asie.

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