Nouvelle littérature de l'Autriche
Incentives – la nouvelle littérature d’Autriche
readme.cc propose un accès en plusieurs langues à la littérature autrichienne la plus récente. Réalisée en collaboration avec la Maison de la littérature à Vienne, cette plateforme de lecture offre un aperçu de l’actualité littéraire du pays.
Des critiques littéraires – journalistes et/ou universitaires – présentent des ouvrages qui viennent de paraître, de courts extraits permettent de se faire une première idée, des notices biographiques complètent la présentation.
Pour l’instant, ces informations sont disponibles en cinq langues : allemand, anglais, français, tchèque et hongrois.
Le projet « Incentives » cherche à promouvoir l’internationalisation de la littérature autrichienne et la traduction de textes récents.
Réalisation : centre de documentation pour la nouvelle littérature autrichienne (comptes rendus, notices biographiques) – association des traducteurs (traductions) – readme.cc (infrastructure).

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[ Recommandation de Incentives ] Voilà un livre qui démarre sur les chapeaux de roues. (La scène se passe) L’action se déroule dans une propriété de Sievering « ayant appartenu à une famille (déplacée) forcée à l’exil », et dans laquelle le petit Leon emménage avec sa mère. « D’immenses cyprès fossilisés entouraient l’imposant ouvrage de cette villa de style Art nouveau [...] Les traces de la préhistoire pullulaient dans ce parc étrange où le temps allait et venait, au gré des lois de la botanique que rythmaient les champignons et les mycéliums, les lichens et les mousses. » C’est ici que la tante Agnes, propriétaire de cette demeure acquise à l’époque du national-socialisme, tient une maison de retraite destinée à des gens aisés. La mère de Leon, qui élève seule son fils, occupe à la villa Aurelia les fonctions d’aide-soignante. Son petit garçon chéri, pour sa part, doit aider Giovanni, un des résidents, à passer le temps aussi agréablement que possible. En contrepartie, la tante Agnes et « Mamu » espèrent toucher un jour un gros héritage.
À partir de ce moment, dans « Der Gebrauch der Wünsche », intrigues obscures et petits travers s’enchevêtreront à n’en plus finir. Chaque rapport humain, qu’il soit de nature érotique ou simplement familial, se révèle être ambigu. De bonne grâce malgré les mauvais traitements que lui inflige le vieux grincheux, Leon est contraint, déguisé en fille, de danser le tango avec Giovanni, dans l’espoir que son argent lui permettra un jour de posséder la charmante petite Irmgard, qui rend régulièrement visite au vieillard. Mais un jour, Giovanni sera assassiné, Irmgard disparaîtra, la villa tombera en décrépitude, et Leon devra faire une croix sur son héritage. Il n’en fera pas moins une belle carrière d’astrophysicien. Il n’y a qu’en amour qu’il ne trouvera jamais son bonheur, ni avec la froide Elsbeth, femme écrivain qui lui donnera trois enfants, ni avec Gudrun, ni avec Paula.
Débordante de sensualité, la langue de Lydia Mischkulnig prend plaisir à jouer avec les mots. Le comportement de ses protagonistes a quelque chose du mouvement des algues au fond de la mer. Leurs rapports sont en partie inconscients et régis par le hasard. Et leurs désirs, loin de se réaliser, se révèlent n’être que des (constructions temporaires) pis-aller permettant de rendre l’existence plus ou moins supportable. Être propriétaire d’une demeure « arisée » ne saurait être un gage de bonheur, pas plus que le fait de vouloir posséder les autres. Leon, quant à lui, reviendra un jour au tango. Les volte-face et les hésitations du tango, cette alternance entre attirance et rejet l’amèneront beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait cru vers la résolution de l’énigme de sa vie.
Résumé de l’article de Judith Leister, mars 2014, traduit par Claude Manac’h
Article intégral : http://www.literaturhaus.at/index.php?id=10317
[ Info ] Mischkulnig, Lydia: Vom Gebrauch der Wünsche.
(original language: German)
Haymon Verlag,
2014
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ISBN: 978-3-7099-7028-7.