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La maligne. Roman.
Vienne: Edition Atelier, 2021.
327 p., Euro 22,00.
ISBN: 978-3-99065-047-9.
Eva Schörkhuber
Extrait
Ce qui fascine dans ce livre, ce sont les lointains exotiques. La jeune Mira se met en route et se fraye un chemin jusqu’aux lieux de ses désirs. Ses destinations sont choisies dans un sens très précis : réaliser le rêve de mettre en scène la révolte féminine sur une grande échelle, et donc de manière globale. Partout où Mira débarque, elle lance des révolutions : une révolution de la mode à Marseille, la renaissance de la lutte révolutionnaire pour l’indépendance en Algérie et de la révolution socialiste à Cuba. Les clins d’oeil et les moments d’autodérision font le plaisir et le charme de ce livre.
La langue très imagée de ce récit à la première personne réussit toujours à faire émerger, à donner vie aux lieux, à offrir l’illusion, pendant la lecture, qu’on s’y trouver réellement. Même si l’effervescence chaotique d’une métropole méditerranéenne comme Marseille, les sempiternelles cachotteries d’un hameau maghrébin, le vide absolu du désert, la multitude des couleurs et la vitalité d’une île des Caraïbes comme Cuba sont autant d’expériences difficilement comparables en termes de diversité. La maligne se déroule dans le village global, et à chaque pas, Mira met le pied sur une mine antipersonnel du colonialisme. De par son envie indomptable de découvrir, elle réécrit à sa manière l’histoire des cités et des pays, au cours d’un périple imaginaire au-delà des sentiers touristiques, même si on les retrouve de temps en temps. C’est un regard sincère, post-colonial et sans détour.
Mira, ce personnage miraculeux, est une vagabonde, espiègle et gamine. Il y a beaucoup d’humour dans ce livre, la lecture en est plaisante. Vue sous cet angle, on pourrait appeler Mira une Doña Quijote qui présente à l’espèce déclinante des chevalières-révolutionnaires un portrait. La recherche du « moi » féminin est ici accomplie, parfois même après une lutte contre des moulins à vent. Parfois, ces derniers sont des hommes. À la fin cependant se dresse un ego renforcé, l’ego d’une femme forte.
Version abrégée de la critique de Walter Fanta du 16 mars 2021,
traduite par Henri Christophe
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