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Roman.
Vienne, Edition Atelier, 2017.
144 p.; 18 Euro.
ISBN 978-3-903005-25-9.
Ulrike Schmitzer
Extrait
Ulrike Schmitzer ne tourne pas autour du pot, mais entre sans détour dans le vif du sujet: le monde fascinant de la glaciologie. La narratrice, une photographe chargée par une organisation de protection de l’environnement de recueillir des documents témoignant de la diminution dramatique des masses glaciaires, se trouve confrontée par un pur hasard à un gigantesque complot lié au stockage illégal de réserves d’eau douce.
Dans cette région des Alpes autrichiennes s’affrontent les intérêts les plus divers. La photographe, elle, se consacre à son travail de documentation avec un regard lucide. Accompagnée d’un professeur émérite et d’un expert en archéologie glaciaire, elle découvrira un crime de grande ampleur susceptible de mettre en jeu l’avenir de l’humanité. Et pourtant, où qu'ils s'adressent, les trois lanceurs d'alerte se heurtent partout à un inextricable tissu d'intrigues. La dernière chance de pouvoir dénoncer et empêcher ces agissements consistera en un voyage en Islande au cours duquel le jeune chercheur Erik, fils de la photographe, leur permettra d’accéder à une conférence de presse internationale. Mais, là non plus, les choses ne se passeront pas comme prévu.
Tout au long de sa narration, Ulrike Schmitzer fait preuve d’un sens profond de la dramaturgie. Elle présente des données et des faits bien précis, qu’elle développe par ailleurs avec une grande créativité pour en tirer de monstrueuses fictions qui restent néanmoins crédibles. Comme par exemple ces gondoles vénitiennes naviguant sur des bassins de retenue, ou les somptueuses fêtes mécanisées qu’une société d’une indicible arrogance donne sur ce qui reste encore de glaciers. À travers de telles scènes, elle nous laisse entrevoir peu à peu une opération raffinée visant à s’emparer des réserves d’eau mondiales. Les zones d’ombre de la recherche scientifique y sont décrites avec juste ce qu’il faut de démesure pour qu’il en sorte un bon roman policier. Tant il est vrai que la pression exercée sur la recherche scientifique contemporaine par le monde de la finance est aussi réelle que la nécessité pour les scientifiques de briller dans les débats publics afin de justifier les moyens investis dans la recherche.
Si l’auteure n’avait pas déjà démontré à travers un autre roman qu’elle savait traiter un thème scientifique avec le suspense nécessaire, nous aurions ici la meilleure preuve de ce dont elle est capable.
Extrait de la critique de Beatrice Simonsen du 8 mars 2017.
Traduction: Claude Manac’h
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