logo kopfgrafik links adresse mitte kopfgrafik rechts
   
Facebook Literaturhaus Wien Instagram Literaturhaus Wien

FÖRDERGEBER

Bundeskanzleramt

Wien Kultur

PARTNER/INNEN

Netzwerk Literaturhaeuser

mitSprache

arte Kulturpartner

traduki

Incentives

Bindewerk

kopfgrafik mitte

Wolfgang Popp: Die Verschwundenen.

Extrait    de   en   fr   span   cz

Critique

Heise oder die Sprache unterm Asphalt – Heise ou la langue sous l'asphalte

- Tu te souviens de Heise? Il y avait de l'excitation dans la voix de Schaller.
- Eh bien, il est revenu.
Le 2 mars 1992, début du semestre, tombait un lundi. C'était une de ces journées indécises, juste avant le changement de saison. Il faisait déjà doux quand le soleil sortait, mais encore bien froid dès que le ciel se couvrait. Schaller et moi nous étions retrouvés à la fac pour nous inscrire à un cours de journalisme. Puis nous étions allés manger un morceau. Enfin, nous voulions juste manger un morceau. Mais pour accompagner notre petit goulasch, nous avions bu trois grandes bières chacun, et lorsque nous sortîmes du troquet, c'était déjà le milieu de l'après-midi, le soleil était chaud et nous offrîmes au monde nos visages radieux. Nous avions alors 21 ans.
Au moment de traverser en titubant pour aller au petit café de derrière la fac, nous nous étions regardés, persuadés que le monde non plus ne nous quittait pas des yeux. Nous avions des idées de grandeur qui rayonnaient sous la lumière de projecteurs, et l'avenir attendait avec impatience le moment où il allait devenir réalité. Ni idée fixe ni mégalomanie, juste la vingtaine et trois bières par-dessus.
Au café, nous avons commandé deux grands noirs. Les tasses étaient écaillées sur les bords, mais le café était fort. La machine à expresso n'avait certes pas l'air de bien marcher, à en croire la poudre qui restait au fond de la tasse, mais le café ne coûtait que la moitié de ce qu'il valait partout ailleurs. J'étais assis sur la banquette en bois, le dos à la fenêtre, mais j'avais beau tourner le pot de chlorophytum qui se trouvait derrière moi sur le rebord de la fenêtre, il me piquait sans cesse dans le cou.
Un journal mural, avait dit Schaller soudainement. On va faire un journal mural sur le cinéma. Et il avait sorti son carnet de son sac pour commencer à prendre des notes. Nous aimions nos idées tant qu'elles étaient encore chaudes, juste sorties du corps, mais plus du tout quand il s'agissait de les réaliser. Schaller et moi admirions les réalisateurs de la Nouvelle Vague, nous nous faisions couper les cheveux comme Truffaut, fumions à la manière de Godard, nous voulions faire des films, et, en attendant, faire nos classes en tant que critiques de cinéma. Toutes les semaines, nous envoyions nos articles aux plus grands journaux, attendions en vain une réponse pendant deux ou trois jours, puis nous les envoyions à un canard de province qui les élaguait de moitié et les publiait sans nous rémunérer, avec seulement nos initiales en italiques à la fin du texte. Pour nous en sortir, nous travaillions comme serveurs.
Cela faisait à peu près une demi-heure que nous étions au café quand un groupe de quatre étudiants est entré. J'ai attiré l'attention de Schaller sur l'un d'entre eux. Il avait notre âge et portait un costume de lin blanc, des chaussures noires et une chevalière en or. Je le trouvais ridicule, une parodie de dandy, alors j'ai pris un air moqueur. Ils se sont assis à la table d'à côté, et mon sourire narquois s'est peu à peu dissipé. Car il faut dire que l'homme en blanc dégageait une sérénité enviable, il me semblait absolument intouchable. Les regards sardoniques que les autres – car nous n'étions pas les deux seuls à l'avoir remarqué – lui avaient lancé au début, lui perlaient dessus comme des gouttes de pluie sur du cuir imperméabilisé.
C'était il y a plus de dix ans, presque onze, pour être précis.
J'ai demandé à Schaller: tu l'as vu où, Heise?
- Pas vu. On m'a appelé au téléphone.
- Qui?
- Un médecin.
- Et alors?
- Il est à l'hôpital de la Baumgartner Höhe.
- En psychiatrie?
- Oui.

(original pp. 158)
© 2015 Edition Atelier, Vienne
Traduit par Nathalie Rouanet

>>Incentives

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Link zur Druckansicht
Veranstaltungen
Sehr geehrte Veranstaltungsbesucher
/innen!

Wir wünschen Ihnen einen schönen und erholsamen Sommer und freuen uns, wenn wir Sie im September...

Ausstellung

Tipp
OUT NOW: flugschrift Nr. 35 von Bettina Landl

Die aktuelle flugschrift Nr. 35 konstruiert : beschreibt : reflektiert : entdeckt den Raum [der...

INCENTIVES - AUSTRIAN LITERATURE IN TRANSLATION

Neue Buchtipps zu Ljuba Arnautovic, Eva Schörkhuber und Daniel Wisser auf Deutsch, Englisch,...