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Roman.
Avec des traductions de Mascha Dabic.
Salzburg-Vienne: Residenz Verlag, 2016.
176 S.; Euro 18,90.
ISBN 978-3-7017-1662-3.
Barbi Markovic
Extrait
Suivant le principe du personnage culte de Superman, le nouveau roman de Barbi Markovic, "Superheldinnen" (les superhéroïnes), met en scène trois amies qui donnent un coup de pouce à ceux que le destin n’a pas favorisé. Cependant, leur mode opératoire est bien différent de celui de leur modèle. Le type "d’intervention" appliquée chaque semaine à une personne désignée par la narratrice, par Mascha et leur amie Direktorka, s’appelle "l’éclair du destin", l’alternative étant une "extermination". Dans leur chronique publiée dans le magazine "Astroblick", elles animent leur public à allier leurs forces pour transporter les élus dans un monde qu’elles espèrent meilleur, ou au contraire pour faire disparaître ces personnes de la mémoire collective.
Bien davantage que de la maigre rétribution de leurs traits de génie, elles ont besoin les unes des autres pour ne pas sombrer dans la dépression sociale. À défaut d’autres sources de revenus, les amies projettent tous les samedis leurs interventions à venir dans un café viennois poussiéreux, où la narratrice s’interroge entre autres sur les raisons pour lesquelles elles se voient refuser l’accès à la classe moyenne bourgeoise. Émigrées d’un empire déchu, l’ex-Yougoslavie, elles n’ont guère hérité davantage de leur patrie qu’un don pour la parapsychologie transmis par leurs tantes et leurs grands-mères.
Imprégné de l’atmosphère de leurs villes d’origine, Belgrade et Sarajevo ainsi que des villes qu’elles adulent, Vienne et Berlin, le récit de Barbi Markovic évoque les problèmes financiers récurrents des jeunes femmes et leurs rêves qui se nourrissent des mécanismes de la publicité. "Superheldinnen" est une satire captivante qui raconte avec un humour noir le fossé qui sépare de notre société prospère ces jeunes immigrées démunies de tout, fossé qu’elles veulent à tout prix surmonter. Et un happy end qui ne pourrait être plus ambigu.
Extrait de la critique de Beatrice Simonsen, mai 2016
Traduit par Florence Hetzel
version intégrale dans le magazine de la Literaturhaus:
http://www.literaturhaus.at/index.php?id=11032
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