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Michael Stavaric: Fremdes Licht.

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Étrange lumière.
Roman.
Munich : Luchterhand, 2020.
512 p; EUR 22.70 (A).

ISBN: 978-3-630-87551-4.

Michael Stavaric

Compte rendu

Extrait :

J’escaladai le monticule de neige que j’avais amoncelée, très certainement le premier édifice jamais construit sur cette planète. Mais je me ravisai, pensant que je pouvais faire mieux, et me dirigeai vers un autre endroit près de la base de recherche où la neige n’était pas cristalline et poudreuse, mais bien plus compacte : elle avait déjà commencé sa métamorphose et allait bientôt se transformer en glace nue. De ma pelle en métal, j’y taillai des blocs de différentes tailles, comme mon grand-père me l’avait appris, si l’on voulait éviter que l’igloo ne s’écroule au premier coup de vent. Pour les Inuits, l’igloo était un espace délimité par des pierres de seuil, un manuaq (...), une maison qui garde la chaleur dans son ventre, à condition de savoir la construire pour que l’air chaud ne puisse pas s’échapper.

Il me fallut deux bonnes heures pour bâtir mon igloo, mais une fois fini, son aspect familier m’emplit de mélancolie ; je rampai à l’intérieur, restai un temps assise, sans bouger, dans cette cavité qui m’était familière, et eus un instant l’impression d’être vraiment au Groenland : j’entendis les chiens aboyer et des voix enrouées d’hommes qui s’éloignaient en se souhaitant bonne chasse. Au milieu des pas entremêlés qui crissaient dans la neige, amplifiés par l’igloo, je pus soudain distinguer une démarche traînante (et des bruits de frottement). Peut-être qu’un des chasseurs était déjà sur le chemin du retour, tirant un phoque mort en remorque. Il traînait son corps derrière lui, un ruban rouge laissant taches et marques dans la neige, le sang frayant des sillages visibles de loin.

J’imaginai à quoi la scène pouvait bien ressembler vue d’en haut : des centaines de chasseurs créant, de leurs bêtes mortes, de nouveaux tracés rouges, quadrillant le paysage de glace. Ce tableau ferait penser à des traînées de condensation sanglantes dans le ciel (de quelque avion organique) qui découperaient et orneraient les nuages, le ciel et la terre ayant échangé leur place dans mon imagination.

Je me souviens avoir été fascinée par une scène de chasse, faite en saponite et en tendons, dans la hutte de mon grand-père : un chasseur fruste traînant un phoque mort enroulé d’une corde dont il s’était attaché les extrémités aux mains, et s’arc-boutant de toutes ses forces contre le poids de la bête. La corde, qui lui passait sur les épaules, semblait vouloir rompre à tout moment, c’était un combat sans fin, jusqu’au-delà de la mort. Grand-père avait une autre figurine en saponite, moins spectaculaire : un chasseur assis, un flétan en losange à la main, probablement en train de le vider, mais moi je croyais qu’il jouait d’un instrument de musique inconnu, un peu comme une cithare.

Je dus m’avouer à nouveau que je ne connaissais pas grand-chose de l’univers, à part ce qu’on m’en avait raconté, voire ce qu’on nous en avait enseigné à l’école. Mais n’en était-il pas de même pour nous ? Que savons-nous vraiment de notre propre esprit ? On n’en connaît que ce qu’on nous en a dit, nous ne sommes perceptibles et positionnés qu’à travers le regard d’autrui, notre histoire est toujours racontée et interprétée par les autres. À Winterthour, il n’y avait personne qui soit capable de me parler de moi, de me reconnaître, de lire en moi et de me définir comme vivante. Je n’étais pas simplement seule, j’étais aussi, pour la première fois de ma vie, un événement que personne d’autre que moi ne pouvait reconnaître et interpréter, j’étais la dernière histoire de l’humanité qu’il faille encore raconter.

(Extrait original pages 70-72)

© 2020 Luchterhand, Munich.
© Traduction française :
Nathalie Rouanet

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