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Étrange lumière
Roman.
Munich : Luchterhand, 2020.
512 p; EUR 22.70 (A).
ISBN: 978-3-630-87551-4.
Michael Stavaric
Extrait
Avec son roman Étrange lumière, Michael Stavaric nous transporte dans différents univers : dans l’immensité de l’espace et dans un lointain futur, au cœur de la vie des Inuits et enfin sur le site de l’Exposition universelle de 1893 à Chicago, dite La Ville blanche.
Tout tourne autour de l’histoire de deux femmes : Elaine et Uki. Winterthur et la fin du monde, la première partie du livre, nous est racontée du point de vue d’Elaine. Alors qu’une comète a détruit la terre, Elaine se retrouve sur un vaisseau volant, une arche moderne. À son bord, des voyageurs choisis au hasard, quantité de données informatiques et de matériel génétique de plantes, d’êtres vivants et de denrées alimentaires, ainsi que les Sarcophages. Tel est le nom des cocons-chambres froides qui plongent les voyageurs dans un profond sommeil afin de les rendre immortels pour une odyssée qui doit durer plusieurs décennies.
Avant la catastrophe, Elaine Duval, chercheuse en génétique née en 2345, avait participé à la conception d’un programme de clonage. Paradoxalement, elle-même se sentait attirée par un monde isolé, tout comme son grand-père, qui, alors qu’elle était enfant, était parti vivre au Groenland où habitaient autrefois sa mère et tous ses ancêtres : des Tunumiit, un peuple de l’est du Groenland au mode de vie très traditionnel.
C’est donc là , dans la deuxième partie du livre, Le Groenland et la Ville blanche, qu’est racontée l’histoire d’Uki, une ancêtre qui découvrit dans ses jeunes années un monde nouveau grâce à l’explorateur Fridtjof Nansen, dont la femme Elaine lui ressemble à s'y méprendre. Stavaric réussit avec brio à intégrer à son récit de fiction le personnage historique de l’explorateur polaire et prix Nobel de la paix. La Groenlandaise Uki finira par prendre la route avec l’équipe de Nansen en direction de New York, puis de la Ville blanche.
Étrange lumière, ce n’est pas seulement le titre du roman, mais aussi le leitmotiv du livre. Dans le futur dystopique d’Elaine, la lumière n’est plus qu’artificielle, destructrice et dangereuse. Alors que la vie d’Uki est marquée par le vacillement du qulliq : la flamme d’une lampe à huile dans une coupe en saponite.
Michael Stavaric est un brillant conteur : la réalité se mêle à la fiction, l’optimisme à la mélancolie, la vie à la mort. On envie les Inuits pour leur lien avec la nature, on est terrifié par les inventions du futur et on ressort de la lecture du livre avec une attention accrue pour son environnement. Le familier nous paraît soudain étrange, ce qui stimule la réflexion et la curiosité.
Extrait du compte-rendu d’Erkan Osmanovic du 29 février 2020,
traduit par Nathalie Rouanet
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