Elit Booktip : Marion Messina, Faux Départ

Coming-of-age stories seem to be enjoying a revival. Today, however, education means studying at a university, writing CVs and motivation letters, jobbing under fixed-term contracts and, for those who are lucky enough, working under a permanent contract. Intrinsically, this kind of education isn’t meant to lead to the fulfilment of any young person.

Coming-of-age stories seem to be enjoying a revival. Today, however, education means studying at a university, writing CVs and motivation letters, jobbing under fixed-term contracts and, for those who are lucky enough, working under a permanent contract. Intrinsically, this kind of education isn’t meant to lead to the fulfilment of any young person.

Aurélie, the main character of Marion Messina’s debut novel, is studying but her goal is not to learn or even “dislearn”, i.e. adapt her perception of the world to reality — She just studies for the sake of it. Born into a working-class family in Grenoble, she was good at school and dreamt of getting ahead in life but soon became disenchanted. Confronted with the mediocrity of her teachers and the stupidity of her fellow students, forced to do gruelling jobs in order to survive, Aurélie progressively retreats into her shell and loses her motivation to study. Without a regular income and conscious that her ambition to climb the social ladder is impracticable, she realises that studying means barely accumulating skills and that culture will definitely remain out of reach, a luxury she can’t afford. Under such conditions, she wastes the best years of her life, “the golden age of the average Westerner”, between 18 and 25.

“As Aurélie set foot on platform C at Gare de Lyon, she didn’t dare challenge Paris.” This sentence expresses an attitude at the antipodes of that chosen by such characters of coming-of-age stories as Balzac’s Eugène de Rastignac or Stendhal’s Julien Sorel. As a consequence, the improvement of Aurélie’s social status is barely of a geographic nature: she used to be a cleaning agent in Grenoble and becomes a desk hostess in Paris. And what about her love life? Nothing to write home about, either, as she only experiences “new age” relationships “without commitment” that “mirror the logic of mobile phone special offers”. She has lovers, of course (a student who delivers pizzas in the evening, a desperate executive in his forties and Alejandro, a Columbian who dreams of being the new García Márquez and ends up as a Spanish teacher), but she never encounters real love. “I fuck, therefore I am,” she states.

Literary critics have already compared Marion Messina’s hyper-realistic style to that of Michel Houellebecq. Quite purposefully, as she also describes the social, sexual and relational misery of a generation that was never confronted with war, lives at the “level zero of suffering” and is condemned to remain on “side B of life”. Although she tends towards generalisation, Messina shows humour and lucidity as she describes the setbacks of young people who are “both submissive and professional”, must be resourceful and pragmatic and experience work environments as a succession of “anxious hugs”. Her book by no means claims to be original. Born from urgency, it speaks a clear language stuffed to absurdity with words like “CV”, “fixed-term” and “job centre”, thus weaving a particular web that mirrors a harsh reality — that of today’s France.

Translated by Marcel Saché

Marion Messina, Faux Départ, Le Dilettante, Paris, 2017, 224 p.

***

Il semblerait que le roman d’apprentissage refasse surface. Mais en 2017, l’« apprentissage » passe par la fac, le CV et la lettre de motivation, le CDD et, avec un peu de chance,  le CDI. Expression prise ici au pied de la lettre, et qui ne mènera pas – c’est écrit d’avance –  à un accomplissement quel qu’il soit du héros.

Aurélie, l’héroïne du premier roman de Marion Messina, n’apprend pas même pour désapprendre, c’est-à-dire rectifier sa vision du monde au contact de la réalité, non, Aurélie apprend pour rien. Fille de « prolos » grenoblois, bonne élève rêvant de grimper l’échelle sociale, elle déchante pourtant vite, trop vite – et ce, dès le début. Entre la médiocrité de l’enseignement universitaire, la bêtise de ses camarades et les petits boulots éreintants, Aurélie s’isole et perd le goût de l’apprentissage. Sans ressources et trop lucide pour y croire encore, dans un monde où l’on n’exige d’elle que l’accumulation de compétences et où la culture devient un mirage, voire un luxe qu’elle ne peut se payer, elle passera à côté des fameux 18-25 ans, « l’âge d’or de l’Occidental moyen ». 

« Lorsque Aurélie descendit sur le quai C de la gare de Lyon, elle n’eut pas le cœur à mettre Paris au défi » : on pense ici aux Frédéric, Julien Sorel et autres Rastignac des romans d’apprentissage ; mais l’ascension d’Aurélie consiste à passer d’agent d’entretien à Grenoble à hôtesse d’accueil à Paris : en d’autres mots, elle est surtout géographique. Et l’amour ? Maigre consolation, puisque l’héroïne ne connaît que des relations  « new age », « sans engagement », « calquées sur la logique de l’offre de téléphonie mobile ». D’accord, elle s’éprend d’Alejandro, un exilé colombien qui se rêve en nouveau García Márquez et finira prof d’espagnol,  fréquente un étudiant livreur de pizzas et un cadre quadragénaire désespéré ; mais jamais il ne sera vraiment question d’amour : « Je baise donc je suis », écrit Messina.

À juste titre, la critique a rapproché l’écriture hyperréaliste de Messina de celle de Houellebecq.  Comme lui, Messina dépeint la misère sociale, sexuelle et relationnelle d’une génération qui n’a pas connu la guerre et se situe à un « degré zéro de souffrance », condamnée à rester sur la « face B de l’existence ». Bien que l’auteure frôle parfois la généralisation, elle a le mérite de disséquer avec humour et lucidité les trajectoires d’une jeunesse précaire, « soumise donc professionnelle », débrouillarde et pragmatique, vivant dans « une étreinte angoissée » avec le monde du travail. Il ne faudrait pas chercher dans le livre de Messina une quelconque originalité formelle : c'est un livre urgent, qui parle, et où toutfait signe ; où des mots comme « CV », « CDD » et « Pôle emploi », accumulés jusqu'à l'absurde, tissent un réseau de signes qui nous renvoient à la réalité brute, celle de la France contemporaine.

Marion Messina, Faux Départ, Le Dilettante, Paris, 2017, 224 p.

Léa Cassagnau

Léa Cassagnau was born in 1996. She is studying for a master's degree in comparative literary studies at University Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Léa Cassagnau est née en 1996. Elle est étudiante en master de littérature comparée à l'Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

Léa Cassagnau was born in 1996. She is studying for a master's degree in comparative literary studies at University Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Léa Cassagnau est née en 1996. Elle est étudiante en master de littérature comparée à l'Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

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